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Actualités du technopôle Brest-Iroise
      • Claude Berrou : « La belle aventure des télécoms en Bretagne continue »

      • Membre de l'Académie des Sciences, Professeur au sein de Telecom Bretagne, co-inventeur des turbocodes avec Alain Glavieux, Claude Berrou est un chercheur qui compte dans la communauté scientifique des télécommunications. Il répond aux questions de Contact sur les technologies sans fil, mais aussi le sens de l'innovation et la manière de vulgariser le progrès scientifique.
      • A quelles conditions, le potentiel des technologies sans fil sera-t-il exploité ? Quels sont les domaines, à votre sens, qui seront matures le plus rapidement en dehors de ceux que nous connaissons déjà ?

        Deux conditions majeures me semblent incontournables : des niveaux d'émissions électromagnétiques qui soient compatibles avec les exigences de santé publique et la garantie d'une sécurité maximale dans les communications (authentification, confidentialité, etc.). Les domaines dans lesquels les applications vont se multiplier dans un avenir proche sont très probablement le transport intelligent, l'aide aux personnes dépendantes et l'assistance cognitive (l'intelligence artificielle dans les mobiles). Sur le premier point, je ne serais pas opposé, par exemple, à ce que les moteurs des véhicules soient bridés en fonction des limitations de vitesse ou à toute autre mesure qui permettrait de réduire le nombre d'accidents, bien trop élevé dans notre pays.



        Est-ce que le territoire brestois vous semble bien positionné pour accueillir des projets économiques en lien avec les sujets de WPMC ? Quels sont ses atouts ?

        La Bretagne est l'une des régions du monde les plus actives en R&D pour les télécommunications. Beaucoup d'innovations très visibles (TNT, DAB, fibres optiques, ...) ou plus fondamentales (OFDM, turbocodes, ...) sont nées ou ont été significativement améliorées dans les laboratoires bretons. Cette belle aventure continue avec le pôle Images & réseaux, le Labex CominLabs, plusieurs laboratoires à stature internationale (Lab-STICC, IETR, IRISA, ...) et le très probable IRT B-com. Le territoire brestois y joue un rôle majeur, notamment grâce à l'UMR CNRS lab-STICC qui regroupe les expertises en STIC de la Bretagne océane : Telecom Bretagne, UBO, UBS, ENSTA Bretagne et ENIB. L'AERES vient tout récemment de nous évaluer et a reconnu nos atouts et notre ambition scientifique. Certes, sur le plan de la gouvernance, il y a encore du progrès à faire mais nous sommes loin des rivalités du passé, façon village d'Astérix !

         


        Lors d'une conférence pendant WPMC, vous allez présenter vos travaux sur le codage neural. Pouvez-nous dire en quoi est-ce important lors d'un colloque sur le sans-fil ? Pour l'ouverture d'esprit nécessaire à tout processus créatif ? Parce que des liens entre les deux domaines sont possibles ?

        J'ai commencé à m'intéresser aux neurosciences, il y a quatre ans maintenant, lorsqu'il m'est apparu que les progrès que nous avions obtenus en matière de traitement distribué de l'information (les turbocodes en furent un exemple reconnu) pouvaient aider à mieux comprendre le comportement informationnel du néocortex. Je dis bien informationnel et non physicochimique qui sont deux niveaux physiologiques distincts. Ce néocortex a une structure très proche de celle des décodeurs modernes et les liens forts (analogies et antinomies) qu'on peut établir peuvent tout aussi bien servir les disciplines des STIC comme celles des neurosciences. La matière grise utilise des codes de représentation et de mémorisation de l'information qui ouvrent des perspectives très intéressantes en intelligence artificielle bio-inspirée. Actuellement, nous sommes cinq personnes de Telecom Bretagne à travailler sur ce thème passionnant et j'espère encore accroître la taille de l'équipe, notamment grâce au Labex CominLabs qui en a fait l'un de ses projets phares. Ce sera un plaisir pour moi d'exposer nos travaux les plus récents lors du symposium WPMC 2011 qui se tiendra à Brest du 3 au 7 octobre 2011.



        Question plus ouverte, plus personnelle. Pensez-vous que l'esprit scientifique, les découvertes et les processus de la science, sont bien partagés au sein de la société dans son ensemble ? Comment serait-il possible de sensibiliser l'opinion publique à l'importance de la recherche et les chercheurs à la nécessité de la vulgarisation ?

        Ces deux questions sont essentielles. Sur le premier point, il me semble qu'un travail important doit être réalisé pour combattre un certain sentiment anti-science qui se distille dans certains nouveaux discours aux accents rousseauistes (Rousseau qui dénonçait les effets pervers de l'imprimerie sur les esprits simples. Qu'aurait-il dit d'internet aujourd'hui ?). La pensée scientifique s’avère de moins en moins bien comprise par une part croissante de nos concitoyens, sans doute parce que nous ne savons plus l'expliquer en termes simples. Et ce qui ne paraît pas simple, pas maitrisable, inquiète. Il est bien vrai que les scientifiques ont un effort important à faire sur la vulgarisation, en particulier vis-à-vis des nouvelles technologies, lesquelles ne sont pas seulement affaire d'informatique et de programmation, mais aussi de physique, de chimie et de biologie.



        Question subsidiaire : qu'est-ce que l'innovation pour vous ?

        En matière de recherche, il faut d'abord distinguer entre découverte et invention. La première est généralement fortuite - ce fut le cas de l'effet transistor, du PVC ou de la pénicilline par exemple - alors que la seconde est plutôt le fruit d'un travail orienté. Mais dans les deux cas, l'étape qui suit est celle de l'innovation, c'est-à-dire de l'adaptation au monde et au marché. Puis viennent la valorisation et l'industrialisation. On peut se féliciter que dans notre pays aujourd'hui, la plupart des chercheurs sont sensibilisés aux phases de l'innovation et de la valorisation. Cela a représenté une mue importante dans le monde de la recherche française et c'est particulièrement heureux pour notre compétitivité et notre économie.

         

         

        Propos recueillis par Mikaël Cabon
         

      • Publié le 02/09/2011

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